
Mis en ligne par johannhenry le 14 mai 2025
Mis à jour le 14 mai 2025

Dans notre monde contemporain, de plus en plus de personnes se définissent comme « spirituelles mais pas religieuses » – une expression qui capture une quête profonde du sacré tout en se libérant des structures institutionnelles traditionnelles. Ce phénomène, loin d’être un simple rejet ou une tendance passagère, représente une évolution significative dans notre rapport au spirituel.
Jorge Ferrer, figure emblématique de la psychologie transpersonnelle, nous invite à considérer le positionnement « spirituel mais pas religieux » comme relevant d’une « approche participative » de la spiritualité. En effet, dans sa vision, l’expérience spirituelle n’est pas simplement quelque chose que nous observons ou recevons passivement, mais un processus co-créatif auquel nous participons activement.
Là où les traditions religieuses ont souvent cherché à répliquer et institutionnaliser le processus d’éveil d’UNE figure fondatrice (prophète, messie ou bouddha), l’approche participative soutient qu’il existe autant de façons d’incarner et de vivre l’éveil qu’il y a de personnes. Ferrer nous rappelle que le Mystère est suffisamment riche et généreux pour se manifester de manière unique à travers chaque conscience, chaque corps, chaque histoire personnelle. Cette perspective célèbre la diversité des chemins d’éveil plutôt que de les réduire à un modèle unique à reproduire.
Ce changement de paradigme est crucial : la personne « spirituelle mais pas religieuse » n’est pas simplement en réaction contre les traditions, mais en co-création avec le Mystère lui-même. Elle devient, dans son être, dans ses relations, et au travers des communautés à laquelle elle participe, un « participant-créateur » de l’expérience transpersonnelle et de l’expression créatrice du Mystère.
Une critique fréquente de cette approche est qu’elle pourrait favoriser un certain « narcissisme spirituel » – une quête centrée uniquement sur l’évolution et le bien-être individuels. Pourtant, Ferrer nous rappelle que l’authenticité spirituelle se reconnaît précisément à sa capacité à transformer notre relation à l’ego, non pas en le rejetant, mais en l’intégrant dans une conscience plus vaste qui transcende et inclut notre individualité.
La véritable spiritualité non-religieuse n’est pas un repli sur soi, mais une ouverture profonde qui honore les multiples expressions du sacré dans le monde. Elle cultive une « connaissance relationnelle » où le corps, le cœur et l’esprit participent ensemble à une conversation vivante avec la réalité qui nous entoure et nous traverse.
Pour ceux qui accompagnent des personnes se définissant comme « spirituelles mais pas religieuses », l’approche intégrale offre des perspectives précieuses. Elle nous encourage à :
– Honorer l’expérience directe sans la réduire à des interprétations préconçues
– Reconnaître la sagesse incarnée qui s’exprime à travers le corps, les émotions, l’intuition, l’imagination créatrice et les états de conscience non-ordinaires.
– Cultiver des cercles de pratique et d’exploration où la diversité des expériences est honorée
– Intégrer les vécus et compréhensions profondes de notre exploration intérieure dans la vie quotidienne et les relations
La psychologie transpersonnelle et intégrale nous rappelle que le chemin d’exploration du « plus grand que soi » n’est pas une fuite du monde, mais une façon plus profonde d’y être présent. La personne « spirituelle mais pas religieuse » est invitée à transformer sa quête individuelle en une participation consciente au déploiement du cosmos.
Comme l’écrit Ferrer : « La spiritualité authentique conduit à une libération du narcissisme spirituel et à un engagement enraciné dans le monde, marqué par une sensibilité écologique, une responsabilité éthique et une action sociale compassionnelle. »
Car être « spirituel mais pas religieux » n’est pas une simple étiquette, mais une invitation à incarner une nouvelle façon d’être pleinement humain dans un monde en transformation.
Bien chaleureusement,
Johann Henry
Holoniis
« Le but ultime de la quête spirituelle n’est pas d’accéder à une réalité transcendante unique, mais de participer créativement à l’émergence d’une pluralité de mondes spirituels. » – Jorge Ferrer