
Mis en ligne par johannhenry le 14 mai 2025
Mis à jour le 14 mai 2025

Si la vie de la Terre (4,57 milliards d’années) était ramenée à une journée de 24 heures, l’apparition du genre homo aurait lieu à 23h 59m 13s et homo sapiens, dont nous sommes issus, à 23h 59m 54s. A l’échelle de la vie de la Terre, nous, humains, sommes donc une singularité extrêmement récente ; les plus pessimistes diront sans doute une singularité éphémère… l’avenir le dira !
Autre ordre de grandeur : si nous ramenions la vie de l’humanité (depuis l’apparition du genre homo il y a 2,5 millions d’années) à une journée de 24 heures, nous aurions appris à maîtriser le feu à 7h du matin (toute une nuit de 700 000 ans sans feu ! brrrrr….) et construirions des outils complexes depuis 14h. Nous aurions attendu 23h30 pour être dotés du langage complexe et de la cognition qui va avec ! L’art rupestre aurait quant à lui émergé vers 23h45. Incroyable non ? Mais continuons : pour la quasi totalité d’entre nous, nous aurions vécu une vie de nomade jusqu’à 23h55, date de la révolution agricole et de notre sédentarisation progressive. Les premières grandes civilisations (Mésopotamie, Egypte…) seraient apparues peu après 23h58… La révolution industrielle aurait eu lieu à 23h 59m et 30s, et l’émergence d’internet 1,2 secondes avant minuit…
Ces chiffres donnent à réfléchir n’est-ce pas ? 😊
Ce qui me frappe aussi particulièrement dans cette mise en perspective, c’est ceci : pendant 23h 59m et 58s, le collectif a primé sur l’individu (notion qui, durant tout ce temps, est restée très vague voire totalement inexistante). Le collectif, à savoir la tribu, la famille, le clan, la communauté, la corporation, le vivant, a donc massivement dominé nos vies durant la quasi totalité de notre histoire humaine… Cet état de fait était une condition de survie, non négociable, qui fondait notre identité, décidait de notre présent, et de notre avenir. A l’échelle de la vie de l’humanité, cela ne fait que 2 secondes que des notions telles que l’individualisme, le « devenir soi » et l’épanouissement personnel, existent !
Il ne s’agit pas bien sûr de remettre en question les apports indubitables de l’émergence de l’individualité et de l’affranchissement des conditionnements collectifs, souvent archaïques, sclérosés et patriarcaux. Il s’agit plutôt de remettre en perspective pour mieux questionner cette émergence, cette singularité qui, en quelques décennies (en 2 secondes !), a bouleversé à peu près tout dans nos sociétés et continue de menacer bien des équilibres. Cette évolution, dominante en Occident, gagne progressivement d’autres cultures, portée par la mondialisation des échanges et des idées.
Dès lors, comment réinventer un sens du commun à l’ère du chacun pour soi ? L’approche intégrale nous rappelle que tout ce qui existe est un holon, c’est à dire existe simultanément comme une unité en soi (une individualité) ET la partie d’un tout plus vaste (un collectif). Elle affirme également que l’évolution tout entière est mue par un double mouvement complémentaire du « transcender-et-inclure ». Ne pas transcender, c’est cesser d’évoluer. Ne pas intégrer, c’est prendre le risque de la dissociation. Il devient urgent que nos individualités, qui ont transcendé la conscience collectiviste indifférenciée qui a dominé notre histoire commune, réalisent pleinement l’état dissociatif dans lequel elles se trouvent actuellement, et réintègrent une dimension communautaire renouvelée, basée sur un sens de l’appartenance et de la participation à plus grand que soi.
Tout l’enjeu de cette époque si incroyablement particulière et accélérée est sans doute là : réintégrer nos vies et nos consciences au sein d’un vrai sens du collectif, sans revenir aux solutions enfermantes du passé, et tout en gardant les acquis précieux de l’émergence des individualités. Sacré programme n’est-ce pas ? Allez, on s’y met ?
Je vous souhaite une magnifique année 2025, riche de transcendances et de réintégrations !
Chaleureusement,
Johann Henry