L’enjeu d’émergence actuelle

« […], pour ces individus qui l’ont déjà fait, pour ceux qui ont commencé à émerger en tant que centauriques avec la vision-logique, pour ceux qui prennent position pour une conscience planétaire au-delà de tel ou tel esprit de clocher étroit, pour ceux qui tentent de se forger une identité centaurique qui intègre la physiosphère, la biosphère et la noosphère (chez les hommes, comme chez les femmes) et qui recherchent ce sens, ce sens existentiel, ce sens global, pour ces quelques personnes, le simple fait de vivre depuis un pers-pectivisme planétaire, c’est-à-dire un aperspectivisme intégral, crée de petites poches de conscience d’avant-garde, de petites poches de « potentiel cognitif ».

Lentement mais sûrement, celles-ci se répercutent sur les visions collectives du monde, puis les institutions sociales elles-mêmes, passant du quadrant supérieur gauche aux quadrants inférieur gauche et inférieur droit. Une fois matériellement ancrées et institutionnalisées, ces structures institutionnelles agissent automatiquement, pour ainsi dire, comme des catalyseurs de transformation pour tous ceux qui suivent.

La transformation en quoi, exactement? Le centaure est-il la fin de la ligne? Autrement dit : y a-t-il une raison concevable pour que l’évolution, qui a travaillé si puissamment pendant quinze milliards d’années et produit tant d’émerveillement indéniable, s’arrête juste brutalement? N’y a-t-il pas des spirales supérieures encore à venir ? Si nous avons discerné même les plus vagues caractéristiques de la flèche du temps, ne pouvons-nous pas nous tenir sur la pointe des pieds et prévoir sommairement la trajectoire de la flèche en direction de demain ? »

Ken Wilber, Sexe, Écologie, Spiritualité, page 230 (édition en français)